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dimanche 29 janvier 2023

LSD25. Histoire de la découverte du LSD

 

Le LSD a été découvert en Suisse en 1943 par Albert Hofmann chimiste aux laboratoires Sandoz alors qu’il travaillait sur de nouvelles propriétés thérapeutiques aux dérivés de l’ergot de seigle.

Bien que l’ergot de seigle soit un redoutable poison identifié dès le XVIIème siècle on connaissait déjà de nombreux usages médicaux dérivés de ce minuscule champignon qui colonise les épis de seigle. Secale cornutum désigne la forme sclérote du Claviceps purpurea, champignon parasite toxique long de quelques millimètres qui pousse sur les épis de céréales et que l’on appelle couramment ergot de seigle’. L’ergot de seigle est décrit dès 1595 par Bauhin (botaniste suisse) puis sera identifié au XIXème siècle par Adolphe de Candolle (autre botaniste suisse) comme étant un champignon.

Source : Wikipedia
L’ergot de seigle fut longtemps responsable d'une maladie, l'ergotisme, appelée au Moyen Âge mal des ardents ou feu de saint Antoine, liée à la présence d'ergot dans le seigle utilisé pour fabriquer le pain. Cette maladie, qui dure jusqu'au XVIIe siècle, provoque des hallucinations semblables à ce que provoque le LSD, et une extrême vasoconstriction artériolaire, suivie de la perte de sensibilité des extrémités des différents membres puis de la nécrose des membres eux même qui peuvent se détacher du corps spontanément et sans hémorragie. À cette époque, les malades consumés par cette maladie étaient considérés comme des exemples de la justice divine possédés par le démon, ce qui se traitait naturellement par l’exorcisme ou le bûcher. 

L’historien Rodolphe écrivait : « En 993, il régna en France une grande mortalité parmi les hommes. C’était un feu caché qui, dès qu’il avait atteint quelque membre, le détachait du corps après l’avoir brûlé. Souvent l’espace d’une nuit suffisait pour cet effet. Beaucoup de gens de toutes classes périrent, et quelques-uns restèrent privés d’une partie de leurs membres pour servir d’exemple de la justice divine à ceux qui viendraient après eux.»  Au 11e siècle, Guérin la Valloire, un jeune noble français, souffrait du feu de Saint Antoine. Il parvint à se remettre du mal qui l'affligeait et attribua sa santé recouvrée aux reliques du saint ; son père et lui fondèrent alors ce qui allait devenir l'Ordre hospitalier de Saint-Antoine vers 1095. À la fin du 15e siècle, les moines avaient construit environ 370 hôpitaux à travers l'Europe, en France, en Flandre, en Allemagne, en Espagne et en Italie pour traiter les foyers de feu de Saint Antoine.

En 1918 le chimiste suisse Arthur Stoll isole l'ergotamine qui ouvre la voie à l'usage thérapeutique moderne de l’ergot de seigle connu pour ses propriétés vaso-constrictrices (qui resserrent les vaisseaux sanguins) utiles pour lutter contre les saignements à la suite de l’accouchement, et aussi contre certaines migraines, crampes etc. En 1929, A la fin de ses études en chimie, à l'Université de Zurich, Albert Hofmann, futur père du LSD, entre au laboratoire de recherches Sandoz à Bâle, comme collaborateur du Pr. Arthur Stoll alors fondateur et directeur de la division Pharmacie de Sandoz. 

Très jeune Albert Hofmann s’est intéressé aux agencements moléculaires des poisons végétaux (ciguë, curare…), aux champignons vénéneux (amanites, ergots…), aux venins, aux plantes psychotropes sacrées, aux phantasticum (haschich, mescaline). En 1930, utilisant du suc digestif d’escargot de Bourgogne, il réussit à isoler la structure chimique de la « chitine » dont sont faites les carapaces, les ailes et les pinces des insectes. En 1932, il s’intéresse à la scille et à la digitale laineuse, des fleurs vénéneuses dont les glucoses sont capables de soutenir un cœur affaibli – ou de l’arrêter. En 1935 Hofmann proposa de reprendre les recherches autour des alcaloïdes de l’ergot de seigle qui avaient conduit à l’isolement de l’ergotamine en 1918.  C’est ainsi qu’en 1938, dans l’intention d’obtenir un stimulant circulatoire et respiratoire, il inventa la vingt-cinquième substance dans la série des descendants synthétiques de l’acide lysergique : le LSD25. Les essais faits sur les animaux ne révélèrent pourtant pas d’intérêt pharmacologique ou médical et les recherches furent de ce fait suspendues. Pourtant, après cinq années d’interruption le chimiste reprit les expérimentations au printemps 1943, mû par le pressentiment que cette substance, dont il “aimait la structure chimique”, pouvait avoir d’autres propriétés. Hofmann a déclaré qu'il avait un "pressentiment particulier" le poussant à resynthétiser le LSD et que cette substance lui "parlait". 

Comment cette intuition a-t-elle pu s’imposer à Hofmann ? Dans le cadre d’une entreprise comme Sandoz, il n’était pas évident d’allouer des ressources à la reprise de recherches considérées comme sans intérêt. Nous ne saurons jamais ce qui a pu le motiver. Hofmann recherchait il secrètement un nouveau psychotrope « phantasticum »  ? Et en quoi la structure chimique de cette molécule lui parlait elle ?

Ce que l’on sait, il nous l’a dit, c’est qu’au cours d'une de ses promenades de jeunesse Hofmann avait eu une épiphanie, une expérience décisive qui conditionna toute sa vie future de chimiste et de d’explorateur du pouvoir des plantes. Ainsi la décrit il bien plus tard dans la préface de son livre « LSD mon enfant terrible » :

"Cela s'est passé un matin de mai - j'ai oublié l'année - mais je peux encore désigner l'endroit exact où cela s'est produit, sur un chemin forestier à Martinsberg, au-dessus de Baden",. "Alors que je me promenais dans les bois fraîchement verdoyants, remplis du chant des oiseaux et éclairés par le soleil du matin, tout à coup, tout est apparu dans une lumière d'une clarté peu commune. Elle brillait du plus bel éclat, parlant au cœur, comme si elle voulait m'englober dans sa majesté. J'étais rempli d'une indescriptible sensation de joie, d'unité et de sécurité béate."…/… Et plus loin il écrit :  Il s'est produit dans ma vie une corrélation aussi inattendue que peu fortuite entre mon activité professionnelle et le spectacle visionnaire de mon enfance. Je voulais accéder à la compréhension de la structure et de l'essence de la matière : c'est ainsi que je suis devenu chimiste. Comme, depuis ma plus tendre enfance, j'étais passionné par le monde des plantes, j'ai décidé de me vouer à la recherche sur les substances constitutives des plantes médicinales. C'est ainsi que j'ai découvert des substances psychoactives, capables de produire des hallucinations et, dans certaines circonstances, d'induire des états visionnaires comparables aux expériences spontanées que je viens de décrire. La plus importante de ces substances a été désignée sous l'appellation "LSD" ».

Hofmann(à droite) dans le labo Sandoz
Au printemps 1943, Albert Hofmann se remet donc à la synthèse du LSD25. Au cours de la phase finale de synthèse, alors qu'il procédait à la purification et à la cristallisation du LSD 25 sous forme de tartrate, il fut troublé dans son travail par des sensations inhabituelles. Voici la description de cet incident, extraite du rapport qu'il envoya au Pr Stoll, son supérieur : « Vendredi dernier 16 avril 1943 en plein après-midi, j'ai dû interrompre mon travail au laboratoire et me rendre à mon domicile. A mon domicile, je me suis allongé et j'ai sombré dans un état second, qui n'était pas désagréable, puisqu'il m'a donné à voir des images fantasmagoriques extrêmement inspirées. J'étais dans un état crépusculaire, les yeux fermés (je trouvais la lumière du jour désagréablement crue), j'étais sous le charme d'images d'une plasticité extraordinaire, sans cesse renouvelées, qui m'offraient un jeu de couleurs d'une richesse kaléidoscopique. Au bout de deux heures environ, cet état se dissipa  «Le caractère, aussi bien que le déroulement de ces visions étranges faisaient penser à un quelconque effet toxique exogène, et je présumai une corrélation avec la substance sur laquelle je venais de travailler, le tartrate de diéthylamide de l'acide lysergique. Je n'arrivais pas très bien à comprendre comment je pouvais avoir résorbé de cette substance, habitué que j'étais à travailler dans des conditions d'hygiène draconiennes, compte tenu de la toxicité avérée des substances de l'ergot. Mais peut-être une infime partie de la solution de LSD était-elle quand même tombée sur mes doigts lors de la cristallisation : ma peau l'aurait alors partiellement résorbée. Si vraiment c'était cette matière qui avait provoqué l'incident que j'ai décrit, il devait nécessairement s'agir d'une substance active à dose infinitésimale. Pour en avoir le cœur net, je décidai de procéder à une auto-expérimentation. Comme je voulais être prudent, je commençai la série d'épreuves que j'avais prévues par la plus petite quantité mesurable, soit 0,25 mg (250 micro-grammes) de tartrate de diéthylamide de l'acide lysergique ».
Résultat et trip report du trip du 19 avril (Bicycle day, extrait) : « des vertiges, des perturbations visuelles, les visages des gens présents semblaient grimacer et présentaient des couleurs très vives ; de fortes perturbations motrices alternant avec des moments de paralysie ; ma tête, mon corps et mes membres paraissaient tous extrêmement lourds, comme remplis de métal ; j’avais des crampes aux mollets, les mains froides et sans sensations ; un goût métallique sur la langue ; la gorge sèche et serrée ; un sentiment de suffocation ; une impression de confusion alternant avec une perception claire de la situation, dans laquelle je me sentais comme à l’extérieur de mon corps, dans la position d’un observateur neutre, alors que je criais ou marmonnais indistinctement, comme à moitié fou. »". 

Convaincu par son expérience (celle du bicycle day) Albert Hofmann fut de suite persuadé que le LSD25 allait ouvrir un champ d’expérimentation psychique et thérapeutique extraordinaire. Surprenant mais authentique, Hofmann invite le professeur Rothlin, directeur du département de pharmacologie des laboratoires Sandoz, à répéter lui-même l’expérience avec ses collaborateurs qui ingérèrent 50 µg de LSD-25 et subirent des effets qui restaient “tout à fait impressionnants et fantastiques”. Stoll et Hofmann déposent alors le brevet du LSD en 1943 en Suisse - et en 1948 aux États-Unis.

Dès 1947 le Professeur Werner A. Stoll, fils d’Arthur Stoll (le boss de Albert Hofmann) publie dans le Schweizer Archiv für Neurologie und Psychiatrie sous le titre « Diéthylamide de l'acide lysergique, un phantasticum du groupe de l'ergo » les premiers résultats d'une expérimentation systématique du LSD chez l'homme, et en particulier sur ses patients.

La suite, est une autre histoire, celle du succès, puis du bannissement, puis de la renaissance d’une substance aussi puissante que magique. Au cours d'une interview de 2006, Hofmann a déclaré :"Mon intérêt pour la chimie a été inspiré par une question philosophique fondamentale : Le monde matériel est-il une manifestation du monde spirituel ? J'espérais trouver des réponses profondes et solides dans les lois solides de la chimie pour répondre à cette question, et appliquer ces réponses aux problématiques et aux questions ouvertes des dimensions spirituelles de la vie."

Ce qui me surprend dans cette histoire, c’est l’audace de Hofmann, son intuition, et même son acharnement pour à découvrir les propriétés psychoactives du LSD25. Pourquoi insiste t’il en 1935 pour reprendre des recherches sur l'ergot de seigle jusqu'en 1938 ?  Puis il remet ça en 1943 bien que le LSD25 ait été déclaré sans intérêt en 1938  ?  Comment se fait-il qu’après son expérience fortuite du 16 avril 1943, qui a été déstabilisante au point qu’il a dû quitter le labo, Hofmann décide de s'auto-administrer le 19 avril (bicycle-day) 250µg d'une substance inconnue aux effets inattendus ? 

Et suite à son auto-expérimentation du bicycle-day qu'il résume dans ses écrits par « à travers ma propre expérience au LSD, je n'en ai connu que les effets démoniaques » comment se fait qu'il propose à ses proches collaborateurs de faire la même expérience ? Dans un contexte professionnel, faire ingérer un produit inconnu pour tester ses effets psychotropes semble irresponsable et frise la lourde faute professionnelle. En pleine guerre mondiale (Europe 1943), quel pouvait être l’état d’esprit des chimistes de ce laboratoire ? Que recherchaient ils vraiment ?

Autant de questions que je me pose et que j’aimerais poser aux descendants de chimistes qui ont travaillé chez Sandoz à l’époque et avec Hofmann. Si vous en connaissez, si vous êtes de ceux là, Merci !

Have a good trip,

Ozias

Reférences :

https://www.lemonde.fr/blog/fredericjoignot/2023/04/19/albert-hofmann-le-pere-du-lsd-disparait-a-102-ans-apres-avoir-ete-fete-au-world-psychedelic-forum-bale/

https://hal-univ-rennes1.archives-ouvertes.fr/hal-01163248/document

https://www.mycodb.fr/forum/viewtopic.php?f=7&t=17

https://www.sciencesetavenir.fr/sante/petite-histoire-medicale-et-hallucinee-du-lsd_29129

https://www.lemonde.fr/blog/fredericjoignot/2022/07/10/albert-hofmann-le-pere-du-lsd-disparait-a-102-ans-apres-avoir-ete-fete-au-world-psychedelic-forum-bale/

https://www.lequotidiendupharmacien.fr/le-mag/histoire-de-la-pharmacie/le-retable-dissenheim-au-secours-de-lergotisme

https://www.nationalgeographic.fr/histoire/le-feu-de-saint-antoine-le-mal-qui-accabla-la-france-au-10e-siecle

https://blog.nationalmuseum.ch/fr/2018/10/voyage-psychedelique/

https://www.davidjaybrown.com/albert-hofmann-ph-d/

Petits chimistes : https://archive.org/details/BookOfAcid/page/n3/mode/2up

vendredi 28 octobre 2022

Mycologie d'octobre


Psilo par temps sec
Voici le mois d'octobre, la saison des champignons. Certains sont comestibles, certains sont toxiques d'autres sont psychoactifs. C'est le cas du fameux Psilocybe Semilanceata qui fleurit dans les prairies humides à cette période de l'année. Tous les connaisseurs le connaissent, mais peu savent le reconnaitre. Cet article s'adresse aux les mycologues les plus curieux. 
AVERTISSEMENT : Ce post est fait dans un but de vulgarisation et de partage de connaissances mycologiques. Le ramassage, la vente et la consommation des Psilocybe Semilanceata sont INTERDITS EN FRANCE. Plaisir des yeux, des photos seulement. Sans ramasser ni consommer vous évitez tout risque d'empoisonnement ou problème avec la loi.  De plus vous favoriserez la reproduction du plus malicieux champignon de nos prairies.

A quoi ressemblent ils ?

Chapeau Psilo humide
Le Psilocybe Semilanceata est un minuscule champignon de prairie haut d'une dizaine de centimètres max. les anglo-saxons l'appellent liberty cap à cause de son chapeau qui ressemble au bonnet phrygien. Après avoir vu une fois et en vrai, le PS (Psilocybe Semilanceata) il est difficile de le confondre avec d'autres espèces. Le 'têton' au sommet du chapeau est caractéristique de l'espèce. Pourtant, selon les lieux et l'hygrométrie, les individus les formes et les couleurs du champignon varient considérablement. Le PS est un champignon hygrophobe, et donc il change de couleur selon qu'il est sec ou mouillé. 

Lorsqu 'il est humide (ou parce qu'il pousse ou parce qu'il a plu ou qu'il y a de la rosée) le chapeau est brun olive et brillant, en forme de lance (ce dont le PS tire son nom de semilanceata -latin-  ou lancéolé - français-). Le champignon a une teinte beige jaunâtre ou brune unie lorsqu'il est humide. Chez les spécimen adultes des rayures verticales, sombres et serrées apparaissent près des lamelles au bas du chapeau. Lorsque le champignon grandit, son chapeau s'évase et le têton devient moins visible. 

Lorsqu'il est sec le chapeau du PS prend une couleur crème jaunâtre presque dorée qui permet de repérer plus facilement les chapeaux dans le vert de l'herbe. Notons ici qu'il est plus difficile de trouver les PS par grand soleil que par temps couvert ou lorsque la lumière devient rasante et permet de distinguer la forme caractéristique du PS dans la jungle des herbes parmi lesquelles il pousse. 

Les lamelles sont grises sur les spécimens jeunes et avec la maturité foncent jusqu'au violet sombre. Toujours les lamelles sont sombres, et cela à cause de la couleur des spores. On trouve cependant quelques spécimen stériles chez lesquels, faute de spores, les lamelles restent de la couleur du chapeau.

Quand poussent ils ?

En automne principalement, mais cela dépend aussi des températures, des précipitations, de l'altitude et de la région. De septembre à décembre selon les climats et les altitudes, une baisse de températures suivie de précipitations abondantes avant les fortes gelées . Un bon moyen de savoir quand ils apparaissent est de suivre la carte https://www.magicmushroommap.com/map pour des indications grossières, mais plutôt fiables. Il peut y avoir des écarts en termes de jour, d'altitude, ou de lieu, mais c'est quand même une référence en la matière. Bref, ce n'est pas parce que la carte est favorable que vous en verrez, mais si la carte est défavorable, alors, il y a peu de chances que vous en trouviez.

Où poussent ils ?

D'abord, cela dépend de la région. Jusqu'au bord de la mer en Irlande, ce qui n'est le cas pour la méditerranée. Il me semble qu'au sud de la Loire, une certaine altitude est nécessaire. Dans les Alpes je n'en ai jamais vu en dessous de 1500m, tandis qu'en Bretagne ils se plaisent dans les vallées et les collines de basse altitude.

Dans tous les cas il faut viser les prés où l'herbe n'est pas trop haute. La hauteur du champignon ne dépassant pas 10cm, il n'est guère possible d'en trouver quand l'herbe les cache, ou les empêche d'atteindre la lumière. D'après mes observations, le PS n'aime pas les herbes trop grasses ni trop vertes. De même, les terrains dans lesquels paissent les vaches et les chevaux ne semblent pas très indiqués. D'abord parce qu'on risque de déranger les animaux et surtout car on ne voit jamais pousser les PS sur les bouses ou le crottin. Les pâturages à mouton constituent un milieu propice, mais on sait que les ovins sont des vecteurs de la douve du foie (grave maladie parasitaire), raison supplémentaire donc pour ne pas cueillir de PS. Si vous avez repéré un champ, attendez donc le départ du bétail, laisser les bouses se décomposer pendant une saison ou plus avant de prospecter. 

La présence de trèfle, de luzerne ou de plantain n'est pas un bon indice non plus. Si l'herbe a été semée, si le champ est traité aux phytosanitaires, ou que le terrain a été travaillé ce n'est pas bon signe, même si certains terrains de golf semblent être le lieu de belles cueillettes outre-manche. 

Par contre, la présence d'herbes de différentes espèces, de différentes textures, la présence de joncs ou de chardons, la proximité de tourbières, un sol humide, riche et acide sont plutôt de bon aloi. Peut être les touffes d'herbe drue constituent elles le microclimat propice au développement de leur mycélium. Une fois le premier trouvé, le mieux est de se mettre à quatre pattes (en position ruminant) et d'inspecter cm par cm en prenant garde de n'écraser personne. Le PS vit en familles d'une douzaine d'individus d'âges et donc de couleur différentes, parfois plus, mais jamais en clusters de centaines d'individus, et rarement proches au point que leurs chapeaux se touchent.

Comment s'assurer que ce sont les bons ?

Le PS a le pied robuste et le chapeau bien attaché. Le pied du PS est blanc crème, allongé, jamais rectiligne ni violacé. Contrairement à d'autres champignons de même forme et de même taille le pied est plutôt élastique (retour à la forme initiale si il est plié) et résistant. Pincé entre le pouce et l'index, le pied ne s'écrase pas complètement, et si on tire le champignon par le chapeau, il ne se brise pas et l'ensemble du champignon s'arrache jusqu'au mycélium. Porté au nez, le PS frais écrasé dégage une fragrance caractéristique à la fois terreuse et herbeuse, très champêtre et pas désagréable, contrairement à certains faux amis qui eux ne sentent rien ou ont des odeurs plus farineuses. Quand il a pris l'humidité, la surface du chapeau devient visqueuse et a tendance à coller aux herbes, ou aux champignons voisins. Signe de reconnaissance : quand il est humide, il est possible de décoller une fine pellicule gélatineuse de la surface du chapeau. Avec la maturité le chapeau des PS  s'évase, mais le têton reste visible . Le chapeau ne peut en aucun cas se retourner comme un parapluie, même si en l'aidant (c'est le cas chez d'autres espèces semblables). 

La sporée du SP est de couleur sombre (entre marron violet et rouge profond). 
Observés au microscope spores ont une forme oblongue ou ovale ; ils sont longs de 10,5 à 15 microns et larges de 6,5 à 8,5 microns. (Texte et Photo Wikipedia).
De nombreux faux amis

Comme toujours les faux amis sont nombreux et très ressemblants. Mycènes, conocybes, panéoles etc poussent aux mêmes endroits et en même temps. Attention donc aux confusions. Un pied trop blanc, trop foncé, trop droit, trop fragile, trop court. Un têton peu marqué, des lamelles claires, un pied fragile suffisent en principe à les discriminer, mais les différences sont parfois bien subtiles. En cas de doute, voici un groupe FB pour faciliter l'identification : https://www.facebook.com/magicmushielearning et répondre à vos questions (in english). 

Ci-dessous 3 exemples de faux amis, à ne pas confondre. La liste reste ouverte.

A lire https://www.psychoactif.org/psychowiki/index.php?title=Comment_reconnaitre_le_psilocybe_semilanceata

Pour aller plus loin : 

https://www.gbif.org/occurrence/search?country=FR&taxon_key=5242507

https://openobs.mnhn.fr/openobs-hub/occurrences/search?q=%28dynamicProperties_diffusionGP%3A%22true%22%29&taxa=32628#tab_recordsView

Bonne recherche. Ouvrez l'œil et le bon, partagez vos photos !

mercredi 14 septembre 2022

Actualités psychédéliques : où s'informer ?

Depuis quelques temps, de partout, il est de plus en plus question de psychédéliques. Le sujet est vaste car il  comporte des aspects thérapeutiques, scientifiques, philosophiques, politiques, spirituels, juridiques, moraux, pratiques etc. Comment s'y retrouver parmi les dizaines d'articles et de publications publiés chaque semaine, vers quels sites se tourner pour suivre l'actualité du secteur ?

Voici donc quelques liens permettant de retrouver de l'information en ligne au sujet des psychédéliques. Je n'ai pas lu tous les articles de chaque magazine. Tous ne se valent pas d'un point de vue scientifique ou divertissement et  vous trouverez vous même lesquels vous conviennent. Merci donc de vos commentaires et de vos infos si vous en connaissez d'autres sources recommandables.

Sources thérapeutique, scientifique et économique.

The Mind foundationLa Fondation MIND est une organisation scientifique et éducative européenne à but non lucratif qui encourage la recherche et la thérapie psychédéliques. MIND a pour mission de promouvoir la recherche et l'enseignement sur l'utilisation thérapeutique des psychédéliques. C'est une source parmi les plus sûres du secteur, mais pas forcément dénuée de conflits d'intérêts. Afin de faciliter la recherche d'articles pertinents, MIND propose des listes de recommandations d'articles sélectionnés . Merci Mind-Foundation !  https://mind-foundation.org/


MAPS  
L'Association multidisciplinaire pour les études psychédéliques (MAPS) est une organisation de recherche et d'éducation qui développe des projets médicaux, légaux et culturels pour de meilleurs  usages des psychédéliques et de la marijuana.

PSR: Psychedelic Science ReviewPsychedelic Science Review offre une perspective exclusivement scientifique sur les psychédéliques.  PSR s'intéresse à la recherche scientifique et aux connaissances sur les psychédéliques, de la chimie à la psychologie. PSR ne se positionne pas en partisan ou des adversaire du changement politique ou social. PSR s'assigne pour but d'offrir des informations factuelles sur la base de la pertinence scientifique. Chaque semaine PSR sélectionne notamment un article scientifique traitant des psychédéliques.

Basé en Oregon, Psychedelic Alpha est une lettre d'information "indépendante"? qui s'efforce de divulguer les connaissances, le réseau et les informations nécessaires auprès de la communauté psychédélique et des professionnels du secteur en vue de faire progresser la médecine psychédélique et les découvertes qui en découlent. C'est un site assez pragmatique et donnant une certaine visibilité sur l'économie du secteur psychédélique.


Sources Ethnobotaniques, développement personnel, transformation sociale

Chacruna : Une référence pour les infos et les articles traitant des aspects sociétaux, spirituels, thérapeutiques des plantes sacrées. Chacruna est un institut sud américain qui se définit ainsi :"Nous éduquons le public et créons une culture et une légitimité concernant les substances [enthéogènes] afin qu'elles cessent d'être stigmatisées et interdites. Chacruna jette également un pont entre "l'usage cérémonial traditionnel" et les contextes cliniques et thérapeutiques, en apportant les connaissances et les perspectives des sciences sociales aux professionnels de la santé et aux praticiens de la thérapie assistée par les psychédéliques..../... Nous voulons un monde où les plantes médicinales et autres substances psychédéliques sont préservées, protégées et valorisées comme faisant partie de notre identité culturelle et intégrées dans nos systèmes sociaux, juridiques et de soins de santé.

Iceers L'International Center for Ethnobotanical Education, Research, and Service (ICEERS) est une organisation à but non lucratif qui se consacre à la transformation des relations entre les sociétés et les plantes psychoactives. A ce titre, Iccers traite des problématiques résultant de la mondialisation de l'ayahuasca, de l'iboga et d'autres plantes ethnobotaniques. Je recommande notamment les pages décrivant en détail les principales plantes et champignons psychoactifs, les effets, les dosages, les précautions à prendre.

The Psychedelic society : "Nous défendons le potentiel de guérison des psychédéliques et les pratiques qu'ils inspirent. Avec une profonde appréciation de la science, une révérence pour la nature et un respect pour la sagesse des traditions établies de longue date, nous cultivons des terrains de jeu pour l'exploration de soi et la connexion profonde." Une source inépuisable d'évènements, de pratiques, et de réflexions sur l'usage des psychédéliques et des états de conscience modifiés.

Psymposia Psymposia est une organisation médiatique qui offre des perspectives progressistes sur les drogues, la politique et la culturePsymposia+3 propose souvent un point de vue décalé qui tranche sur l'angélisme de la renaissance psychédélique mainstream.

Psychedelic support : Une société US qui se donne pour mission la transformation sociale par le biais des thérapies psychédéliques. On y trouve des articles d'actualité sur la sujet, mais aussi des liens pour se former à ces pratiques ou participer aux études en cours en tant que pionnier. 


Magazines d'information communautaire sur les psychédéliques

Psychedelic frontier promeut une approche éclectique des psychédéliques "Il existe de nombreuses cultures et attitudes entourant les états de conscience modifiés, allant des chamans amazoniens aux raveurs en roue libre. Aucune d'entre elles n'a le monopole de la "bonne" façon de voir et d'entreprendre l'expérience psychédélique, mais il y a des leçons à tirer de toutes les approches. Nouveautés, art, musique, spiritualité et articles scientifiques sont les principales rubriques de ce site plutôt recommandable.

Reality sandwich se donne pour objectif de couvrir la culture psychédélique sous les aspects les plus divers tels que la sexualité, les arts, la science et les pratiques de consommation. On y trouve aussi un guide sur les différentes substances ainsi que sur le microdosage. Plutôt hype et bien illustré, je recommande !


Lucid News se définit comme un media  informé, honnête et transparent qui couvre le renouveau des psychédélique actuel. Fondé par d'anciens membres des communautés psychédéliques, Lucid News veut faire preuve de discernement et d'un scepticisme sain dans sa ligne éditoriale. Le site est bien fait, régulièrement mis à jour et surtout très éclectique. 

Psychedelics Today
 Un média plaidoyer de la cause psychédélique. Psychedelics Today couvre les découvertes scientifiques, universitaires, philosophiques, sociétales et culturelles afin de faire avancer la connaissance des psychédéliques et de leurs usages. 



Consultez aussi le portail de Psychedelic press qui édite des ouvrages spécialisés et tient un blog sur l'actualité des psychédéliques. Ne passez pas à côté de https://psychedelicpress.substack.com/ qui compile des articles souvent érudits à propos des plantes et des états de conscience modifiés.


Un autre blog super intéressant, très à jour sur les psychédéliques, et notamment les questions liées aux expériences difficiles. Plutôt "new-age" et gonzo style dans l'ensemble ! 

https://www.ecstaticintegration.org/ 

Citons aussi le blog de l'APRA (Amsterdam Psychedelic Research Association), une association multidisciplinaire basée à Amsterdam.

Voilà donc quelques titres pour rester dans le coup. Vous aurez remarqué qu'ils sont tous en anglais. Du côté des sites français je ne vois rien de tel. Il y a quand même le site de la SPF (Société Psychédélique Française),  deux magazines en ligne très gonzo style  vice et  neon mag qui abordent parfois le sujet et relaient quelques articles traduits,  et de nombreuses pages Facebook comme la SPL (Société Psychédélique de Lyon)  Grenoble psychonaute, ou groupes Facebook tels que la CPF communauté psychédélique francophone et tant d'autres passionnants.

Bonne lectures, merci de vos commentaires et retours

Ozias

samedi 2 octobre 2021

Champignons fantastiques

Les champignons dans les imaginaires collectifs :

Article référent : https://publicdomainreview.org/essay/fungi-folklore-and-fairyland

James Sowerby's English Mushrooms (1803).
 The mushrooms 1, 2, and 3, are all liberty caps
Que ce soient les ronds de sorcière de champignons dans les prés ou bien Alice au Pays des Merveilles, les champignons sont volontiers associés au surnaturel et au féérique dans l'art et la littérature. Cela proviendrait il d'une connaissance ancienne des pouvoirs hallucinogènes des champignons ? 
Cet article de Mike Jay s'intéresse aux premiers trip reports dus aux champignons, et comment un champignon, en particulier, est devenue symbole du romantisme féérique victorien.

Psylocibes liberty caps
Le premier trip report avec psilo vient de Green Park à Londres le 3 octobre 1799. Comme cela arrive parfois encore, c'était par accident. 
Un homme nommé « J. S. » avait l'habitude de cueillir de petits champignons dans un parc et d'en préparer du bouillon pour sa jeune famille. Mais ce matin-là, une heure après le bouillon, tout a commencé à devenir étrange. J. S. a remarqué des taches noires et de drôles d'éclairs de couleur interrompant sa vision; il se sentait désorienté et avait des difficultés à se tenir debout et à se déplacer. Toute la famille se plaignait de crampes d'estomac et d'avoir les extrémités froides et engourdies. L'idée d'un empoisonnement aux champignons lui vint à l'esprit. Il partit titubant dans la rue pour chercher de l'aide, mais cent mètres après, il avait oublié où il allait, et fut retrouvé errant et dans un état totalement confus. Everard Brande, médecin prit en charge J. S. et sa famille. La scène dont il était témoin était si inhabituelle qu'il l'a longuement décrite puis publiée quelques mois plus tard dans The Medical and Physical Journal : "Respiration laborieuse, retournant périodiquement à la normale avant de s'accélérer dans une autre crise. Tous étaient obsédés par la peur de mourir, à l'exception du plus jeune, le fils de huit ans dont les symptômes étaient les plus étranges de tous. Il avait mangé une grande partie des champignons et était « attaqué de fous rires immodérés " que les menaces de ses parents ne parvenaient pas à maîtriser. Il semblait comme transporté dans un autre monde, d'où il ne revenait que  pour dire des bêtises rapport à ce qui lui avait été demandé ".
C'était une intoxication aux Psilocybe semilanceata, autrement appelés 'liberty caps', des  «champignons magiques » qui poussent un peu partout en Grande-Bretagne chaque automne. 

L'illustrateur botanique James Sowerby, qui rédigeait son ouvrage phare Colored Figures of English Fungi or Mushrooms (1803), a spécialement rendu visite à J. S. pour identifier l'espèce en question. L'illustration de Sowerby (en tête de cet article) montre 3 Liberty caps, et une espèce similaire d'apparence  du genre Stropharia. Dans sa note d'accompagnement, Sowerby souligne que c'est la variété à tête pointue («avec le pileus acuminé») qui «s'est presque avérée fatale à une famille de Piccadilly, à Londres, ayant commis l'imprudence d'en consommer en quantité pour son repas".

  Omniana , un dictionnaire de choses naturelles, publié en 1812, décrit un « champignon commun, qui représente si exactement le poteau et le bonnet de la Liberté qu'il semble offert par la Nature elle-même comme l'emblème approprié du républicanisme gaulois ». Le bonnet phrygien porté par les esclaves affranchis dans l'empire romain, est devenu une icône de la liberté politique à travers les mouvements révolutionnaires des XVIIe et XVIIIe siècles. On retrouve ce bonnet de la liberté hissé au sommet de mâts dans l'iconographie révolutionnaire . Il aussi apparaît sur une médaille battue pour commémorer le 4 juillet 1776, sous la bannière LIBERTAS AMERICANA, et il a été porté pendant la Révolution française par les sans-culottes comme signe de ralliement. Ce sont ces ressemblances et non les propriétés psychoactives du champignon, qui ont conduit le baptiser "Liberty cap" (bonnet de la liberté).


Les aventures d'Alice témoignent elles d'une auto-expérimentation des champignons hallucinogènes ?

Au XIXème siècle, parallèlement à un intérêt scientifique croissant pour les toxiques et hallucinogènes, tout un corpus de traditions féeriques associait les champignons vénéneux aux elfes, aux lutins, à un monde peuplé d'esprits de la nature. Les ressemblances de ce monde avec celui engendré par les plantes psychédéliques des cultures Amérindiennes,  qui utilisent les champignons à psilocybine  depuis des millénaires, sont flagrantes. 

Sous son apparence innocente l'iconographie féerique victorienne conduirait elle à une tradition cachée des connaissances psychédéliques ? Lewis Caroll, par exemple – était-il conscient du pouvoir de certains champignons  ?  Peut-être a t'il même écrit à partir d'une expérience personnelle ?
Les scènes "psychédéliques" d'Alice sont très célèbres. Alice, au fond du terrier du lapin, rencontre une chenille assise sur un champignon, qui lui dit d'une « voix langoureuse et endormie » que le champignon est la clé pour naviguer dans son étrange voyage : « un côté vous fera grandir, l'autre côté vous fera devenir plus petit ». Alice prend un morceau de chaque côté du champignon et entame une série de transformations vertigineuses de taille, s'élançant dans les nuages ​​avant d'apprendre à maintenir sa taille normale en mangeant des bouchées alternées. Tout au long du reste du livre, elle continue de manger du champignon : pour entrer dans la maison de la duchesse, approcher le domaine du Lièvre de Mars, et, point culminant, avant d'entrer dans le jardin caché avec la clé d'or.

Depuis les années 1960, Alice au pays des merveilles est considéré comme un guide ésotérique des mondes psychédéliques - le plus célèbre illustration en est la chanson de Jefferson Airplane "White Rabbit" (1967), qui évoque le voyage d'Alice comme une découverte de soi où les conseils obsolètes des parents sont transcendés par des conseils reçus de l'intérieur en "nourrissant votre conscience". Mais cette interprétation est souvent critiquée par les spécialistes de Lewis Carroll. Pourtant les drogues et les états de conscience modifiés exerçaient une fascination sur L.Carroll qui lisait beaucoup sur le sujet. Cet intérêt était stimulé par sa propre santé délicate - insomnie et migraines fréquentes - qu'il traitait avec des remèdes dérivés de plantes psychoactives telles que l'aconit et la belladone. Sa bibliothèque comprenait des livres sur les plantes ainsi que des textes sur les drogues psychotropes, notamment le recueil complet de F. E. Anstie, Stimulants and Narcotics (1864). Il fut aussi très intrigué par la crise d'épilepsie d'un étudiant d'Oxford à laquelle il était présent, et en 1857, il visita l'hôpital St Bartholomew à Londres afin d'assister à une anesthésie au chloroforme, une nouvelle procédure qui avait attiré l'attention du public quatre ans auparavant lorsqu'elle a été administrée. à la reine Victoria pendant l'accouchement. 
L'érudit Michael Carmichael a démontré que, quelques jours avant de commencer à écrire Alice, L.Carroll a fait son unique visite à la bibliothèque d'Oxford, où une copie de l'enquête sur les drogues récemment publiée par Mordecai Cooke "Les Sept Sœurs du sommeil (1860)" venait d'être déposée. L'exemplaire d'Oxford de ce livre a encore la plupart de ses pages non coupées, à l'exception de la table des matières et du chapitre sur l'amanite tue-mouche, intitulé « L'exil de Sibérie ». Carroll s'intéressait aussi particulièrement à la Russie et c'est l'unique pays qu'il ait jamais visité en dehors de la Grande-Bretagne. Et, comme le dit Carmichael, Carroll « aurait été immédiatement attiré par les Sept Sœurs du Sommeil  pour une raison évidente : il avait sept sœurs et il fut insomniaque toute sa vie » !

Avec le romantisme, l'intérêt pour les cultures traditionnelles s'était étendu à tout le folklore européen. Une nouvelle génération de collecteurs, comme les frères Grimm, se rendit compte que l'exode rural effaçait avec une rapidité alarmante des siècles d'histoires folkloriques, de chants et d'histoires orales.  La tradition féerique victorienne était imprégnée d'une sensibilité romantique pour laquelle les traditions rustiques n'étaient point grossières et arriérées mais pittoresques et presque-sacrées, une évasion de la modernité industrielle vers une ancienne terre d'enchantement paganique. Ce vieux fond de traditions païennes permettait aux artistes d' explorer avec audace des thèmes sensuels. C'est alors que fleurirent les images d'elfes vivant sur les champignons jusqu'à devenir emblématiques du monde féérique victorien.

Amanita Muscaria
Mais finalement le champignon star du pays des merveilles ne fut pas le liberty cap mais la plus spectaculaire amanite tue-mouche  (Amanita muscaria). L'amanite tue-mouches est psychoactive aussi mais contrairement au Liberty Cap, qui délivre de la psilocybine, l'amanite contient un mélange d'alcaloïdes - muscarine, muscimol, acide iboténique - aux effets plus imprévisibles et toxiques. 


Au XVIIIe siècle, des explorateurs suédois et russes ont rapporté de Sibérie des récits sur les chamanes, leur possession par les esprits et la prise d'amanites ; mais c'est un polonais nommé Joseph Kopék qui le premier, en 1837, a publié le récit de son expérience avec l'amanite tue-mouches.

Vers 1797, après avoir passé deux ans au Kamtchatka, Kopék tomba malade avec de la fièvre et un habitant lui parla d'un champignon « miraculeux » qui le guérirait. Il manga la moitié d'une amanite et tomba dans un rêve intense. « Comme magnétisé », il fut entraîné à travers « les plus beaux jardins où seuls le plaisir et la beauté semblaient régner » ; de belles femmes vêtues de blanc le nourrissaient de fruits, de baies et de fleurs. Il s'est réveillé après un sommeil long et réparateur puis a pris une seconde dose plus forte qui l'a précipité dans le sommeil lui laissant le sentiment d'un voyage épique dans un autre monde. Il revit des pans de son enfance, retrouva des amis de toute sa vie et prédit même  l'avenir avec une telle confiance qu'un prêtre fut appelé pour en témoigner. Il conclut l'expérience avec ce défi à la science : « Si quelqu'un peut prouver que l'effet et l'influence du champignon sont inexistants, alors je cesserai d'être le défenseur du champignon miraculeux du Kamtchatka ».

Vous voudrez peut être, vous aussi, en apprendre plus sur ces champignons fantastiques voici quelques sites qui m'ont paru intéressants:

Plus sur l'amanita muscaria (amanite tue-mouche):

Le site d'une spécialiste de l'amanite muscaria:

https://www.amanitadreamer.net/

Un brevet sur la décarboxylation (c'est du sérieux, mais reste à savoir comment ça marche et pour ça faudra essayer !...)

https://patents.google.com/patent/US20140004084A1/en

Une société (secrète ?) spécialiste du champignon :

https://vdocuments.net/amanita-muscaria-herb-of-immortality-donald-e-teeter.html

A propos du microdosage de l'amanite tue-mouches

https://psychedeliques.home.blog/2020/04/23/decoction-et-microdosing-damanite-tue-mouche-recette-damanita-dreamer/

En tout cas, la puissance du champignon ne fait pas de doute. Mieux vaut se tenir à l'écart d'un tel champignon quand on ne connait ni les doses ni les effets ! Be safe !!

Plus sur les psilocybes lancéolés (liberty caps) ou psilocybe semilanceata

Un article de synthèse sur ce blog https://emagicworkshop.blogspot.com/2022/10/mycologie-doctobre.html

Comment les identifier ???

https://www.youtube.com/watch?v=OkdWanAy3r8

Où poussent ils et quand ? 

https://www.magicmushroommap.com/

Bravo pour votre intérêt mycologique pour ces deux champignons fantastiques. Je rappelle que le ramassage et la consommation des liberty-caps sont interdits en France et que l'amanite tue-mouche est une champignon toxique, même à faible dose . Be sharp ! keep safe !!

Ozias

dimanche 27 juin 2021

L'art visionnaire psychédélique

Souvent considérées comme ineffables, les expériences psychédéliques sont illustrées par de nombreux artistes de l'art visionnaire. Voici quelques exemples de ce qui se fait et qui me rappelle des décors que j'ai traversé avec les psychédéliques.

DMT. Illustrations par Yumaeda. https://www.yumaeda.com/




DMT waiting room
Alvar Gullichsenhttp://www.alvargullichsen.org/


A DMT jester. By Incedigrishttps://www.incedigris.com/


DMT Jesters. Harry Pack. https://www.harrypackart.com/


Mescaline. Rick Jacobi . https://www.facebook.com/rickjacobiart


Psilocybine. Samuel Farrand. https://www.tetramode.com/pages/samuelfarrand


Changa + Cannabis. Illustrations par Salviadroïd. https://www.salviadroid.com/

LSD. Cate Farrand. https://www.pinterest.fr/catefarrand/



Et bien sûr, DMT visions by Alex Grey. https://www.alexgrey.com/



DMT encore, voici les visions de Ben Ridgway




DMT encore, Jonathan Solter



Inconnus qui me parlent