mardi 6 octobre 2015

Psychonautisme

Pour paraphraser Gordon Wasson, «ceux qui parlent de psychédéliques mais n'en ont jamais pris sont discrédités par leur inexpérience, et ceux qui parlent de psychédéliques parce qu'ils en ont pris sont la plupart du temps discrédités à cause de leur expérience »

Les psychédéliques ont depuis longtemps été ignorés et écartés par la communauté académique médicale en tant que sujet de recherche, au nom d'un positionnement qui tient plus compte des peurs collectives du corps social que d'une approche rationnelle. Pour certains spécialistes comme Ralph Metzner, le terme d'hallucinogène devrait être réhabilité, à condition d'en comprendre différemment le sens : en effet, «hallucination» provient du latin hallucinor, qui veut dire « se promener dans l'esprit», soit un voyage en état modifié de conscience. Metzner dit ainsi qu'il «préfère utiliser le terme hallucinogène lorsqu'il est traduit comme "induisant des voyages dans l'esprit" ». 

Les amateurs de produits psychédéliques disent souvent qu'ils les utilisent pour leur développement personnel ou spirituel, pour une meilleure compréhension et une découverte de soi. 
Pour Jan Kounen (le cinéaste) , les substances psychédéliques permettent de pénétrer des mondes qui sont plutôt des visions que des hallucinations, dans le sens où elles ont une cohérence. Ce n'est pas une réalité déformée; c'est une autre réalité complète qui se superpose à la réalité, qui, elle, reste la réalité». Les récepteurs de notre cerveau (les organes des sens) ne sont capables de capter qu'une infime partie des messages envoyés par le monde extérieur; on ne peut pas dire que, dans l'état de conscience ordinaire, on perçoit le monde objectivement, tel qu'il est réellement. Un produit psychédélique permet d'étendre la partie visible du monde un peu comme l'ajout d'une nouvelle antenne sur un toit permettrait de capter d'autres programmes. On pourrait faire un parallèle avec le choix proposé au héros du film Matrix : prendre une pilule bleue (notre sérotonine habituelle dans laquelle baigne naturellement notre cerveau, qu'on peut alors qualifier d'hallucinogène du quotidien) et rester dans le monde engendré par la «Matrice», ou bien prendre une pilule rouge (une substance psychédélique), et voir l'envers du décor, une réalité cachée et cependant plus vraie que la précédente. 

Il semble que notre cerveau interprète en permanence 'la matière' selon ses données antérieures sur le sujet, et l' «hallucine» sous une forme déjà connue. Il ne nous dit que ce qu'il perçoit, et non pas ce qui est vraiment. En se fondant sur ces perceptions, nous «croyons savoir la vérité» sur une chose, alors que nous n'en connaissons pas la moitié. En réalité, nous créons la vérité que nous connaissons. La conscience assemble et synthétise la réalité de façon à nous faire évoluer dans cette réalité. Cette construction cognitive de la réalité nous est propre et ne constitue pas la réalité en soi mais une manière de s' y adapter. 

Les psychédéliques nous confrontent donc à un questionnement fondamental: y a-t-il une seule réalité ou plusieurs, à des niveaux de perception différents? Est-elle indépendante de nous ou construite par nous?


Source : Olivier Chambon, la médecine psychédélique



Psychonaute. Samuel Ferrand

A voir :
http://www.sciencesetavenir.fr/sante/20141031.OBS3820/comment-les-champignons-hallucinogenes-rearrangent-le-cerveau.html

http://sos-addictions.org/actualite-des-addictions/les-drogues-psychedeliques-psilocibyne-lsd-mdma-font-doucement-leur-retour-dans-la-pharmacopee

https://froufrouettransendance.wordpress.com/2019/03/20/outils-chamaniques-le-psilo-et-la-ceremonie/

Interview 2018 Olivier Chambon : la conscience . https://www.facebook.com/413369628809254/videos/1405636782915862/

Démo d'hallucinations :
 https://www.youtube.com/watch?v=DgPaCWJL7XI
Encore plus fort !
https://www.youtube.com/watch?v=u_NO3JU0LZk&feature=youtu.be




Lors d’expériences avec le LSD et la « mescaline », Aldous Huxley a dit quelque chose de très intéressant : pour lui, le cerveau fonctionnerait comme une valve permettant de nous protéger de trop d’informations cosmiques, ce qui nous limiterait à une sélection de ce qui est possible. Lors de séances psychédéliques ou lors d’états non ordinaires de conscience, nous recevons beaucoup plus d’informations sur notre identité au sens large. La psyché ne serait donc pas dans le cerveau, mais plus proche de ce que Jung appelait l’Anima Mundi. La psyché serait une forme d’intelligence universelle à laquelle nous avons accès en tant qu’individus. Les frontières entre notre psyché au niveau individuel et cosmique seraient en fait arbitraires, négociables et transcendantes. Ce qui nous amène bien évidemment aux grandes pratiques et philosophies spirituelles de l’Orient.
Selon Stanislas Grof, psychiatre, les états holotropiques de conscience sont une sous catégorie significative des états non ordinaires de conscience. Ces états ont été expérimentés par les chamans, au cours de guérisons chamaniques, au cours des rites de passages de différentes cultures préindustrielles ou encore lors de cérémonies d’initiation aux mystères de la mort et de la renaissance. Ce sont des expériences de yogis, de bouddhistes, de soufis, de taoïstes, de mystiques chrétiens... on les rencontre
également lors des «N.D.E.» (near death experiences), etc. Jusqu’à présent, la psychologie, la psychiatrie et la science ont ignoré ces expériences.

2 commentaires:

  1. Si le sujet vous intéresse...: https://froufrouettransendance.wordpress.com/2019/03/20/outils-chamaniques-le-psilo-et-la-ceremonie/

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    1. Bonjour Caroline, et merci pour cet article juste et détaillé qui donne envie de vous rencontrer

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