samedi 8 juillet 2017

Banksy

Le graffiti est une forme de guérilla. C'est une façon d'occuper le pouvoir et de tirer à soi la renommée d'un ennemi plus gros et mieux équipé. Banksy l'a un jour qualifié de 'revanche': "Faire un tag parle déjà de représailles. Si vous ne possédez pas d'entreprise ferroviaire, allez peindre sur les murs de l'une d'entre elles à sa place [et vous verrez]" (2003).

Il n'y a pas d'art urbain sans illégalité. Sinon ce serait seulement de l'art "dans la rue", rien de plus. L'art urbain est excitant parce qu'il attaque la propriété et l'ennui, et parce qu'il reflète les luttes de pouvoir territorial "cachées" sous les yeux de tous dans l'espace de la ville. L'art urbain ne serait plus une aventure s'il devenait un simple loisir. Dans une société qui réduit toute activité humaine à un simple échange de marchandises, les dernières aventures possibles sont toujours antisociales. 

Avec l'art urbain, tout est affaire de propriété. L'art urbain, comme le graffiti avant lui, est une critique du concept même de propriété, peu importe la nature du contenu des images. S'il n'était pas illégal, l'art urbain n'existerait pas. Son illégalité le définit. Sans dégradation de biens, il n'y a a pas de Street-art, mais de "l'art" tout court. 

La ville est habitée par des individus qui n'ont aucun droit de propriété sur elle, et ce parce que l'environnement urbain est aux mains de propriétaires invisibles à l'autre bout d'une ,longue chaîne d'intermédiaires. Cette notion de possession n'est qu'une illusion. Une illusion qu'un graffiti peint sur un mur désavoue. Parce que l'illusion est momentanément rompue.


"Pardonnez nous nos offenses"
Accepte de travailler pour des idiots

Calais
Banksy au musée

Non seulement l'art urbain de Banksy rappelle que le pouvoir existe et qu'il oeuvre contre nous, mais aussi qu'il n'est pas vraiment efficient. Qu'il est - et devrait être- une illusion.
Nous sommes tous sensibles à la cacophonie, au chœur cauchemardesque d'idées que la publicité et les mass média martèlent. Ils nous hypnotisent et nous désorientent, c'est inévitable. Le grand art urbain révèle ce processus et s'en moque. Il montre, à l'aide de ses propres modèles, symboles et façons de communiquer, à quel point une large part de ce pouvoir n'est que du théâtre. Parce qu'en riant de ce spectacle, nous sapons son emprise et faisons place à un peu de pensée originale. Juste un peu. rien de plus qu'un niveau de menace acceptable. Nous le saurions si ça n'était pas le cas.


Si le graffiti changeait quoi que ce soit, ce serait illégal

Sources : Banksy, Editions ALTERNATIVES 2016

Voir aussi dans ce blog : http://emagicworkshop.blogspot.fr/2014/10/street-art-attentats-urbains.html

Fake news du 18 septembre 2017 !!! :  http://newsexaminer.net/art/graffiti-artist-banksy-arrested-in-palestine-identity-revealed/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire