dimanche 2 juillet 2017

âgisme

Vieille/jeune femme (image double)
Le terme âgisme* désigne une attitude ou un comportement de discrimination, de ségrégation, de mépris ou de dépréciation envers un individu ou un groupe d'individus en raison de leur âge.
Voici quelques définitions selon quelques spécialistes :
Butler (1978): «… profond désordre psychosocial caractérisé par des préjugés institutionnalisés,
des stéréotypes, et l'établissement d'une distance et/ou d'un évitement vis-à-vis des seniors. »
Traxler (1980): «… ensemble d'attitudes, d'actions personnelles ou institutionnelles par lesquelles est subordonnée une personne ou un groupe de personnes en raison de leur âge. Concept comprenant aussi l'assignation de rôles sociaux à des individus sur la seule base de leur âge. »
Palmore (1999): «… phénomène social se manifestant au travers de préjugés contre les seniors sous la forme d'attitudes et de stéréotypes positifs et négatifs. Il intervient là où se trouvent à la fois préjugés et discrimination, à la fois stéréotypes et attitudes, et par conséquent à la fois processus cognitifs et affectifs contre ou en faveur d'un groupe d'âge »
Boudjemadi & Gana (2009): «… mécanisme psychosocial engendré par la perception consciente ou non des qualités intrinsèques d'un individu (ou d'un groupe) en lien avec son âge. Le processus qui le sous-tend s'opère de manière implicite et/ou explicite, et s'exprime de manière individuelle ou collective par l'entremise de comportements discriminatoires, de stéréotypes et de préjugés pouvant être positifs mais plus généralement négatifs. »


L’âgisme, n’est pas seulement un concept ou un outil d’analyse, c’est un mot qui recouvre des discriminations et des oppressions. L’âgisme sert à justifier la subordination de certaines personnes à d’autres sur le seul critère d’âge. L'axiome, le principe de l'âgisme c'est que l'âge adulte est l'âge le plus développé, puisqu'on l'appelle l'âge de raison. Si le système accorde un maximum de poids à la voix de l'adulte c'est car ce dernier est économiquement comptable et que l' âge adulte est doublement formaté par l'école puis par par le travail. L'avis de l'adulte actif et 'responsable'  doit donc primer sur tous les autres. Les enfants sont écoutés avec un sourire, les ados sont excusés, les vieux sont remis à leur place et l'Adulte décide. 

Cette prééminence du pouvoir adulte actif est souvent présentée comme une protection, une autorité éclairée qui profite au 'plus grand nombre'. En réalité, ces dispositions arrangent avant tout un système dominant où les mineurs et les seniors viennent perturber le monde de la production comptable. L’âgisme déconsidère la parole des vieux et des mineurs en prétextant qu'un ado, "c'est comme ça", un vieillard "c'est comme ci" et ne veut pas reconnaître que l'expérience dépend autant du parcours de vie que de l'âge. 
L'âgisme nie surtout l'importance de ce que l'on ressent, et bien sûr ce principe est très pratique pour que tout le monde file droit. La négation ou le déni des expériences individuelles permet de chosifier les individus et de les soumettre à l'autorité.
Globalement cela revient à privilégier, à préférer, les rapports d'autorité aux rapports de confiance dans l'exercice du pouvoir. La pensée dominante, nos pairs, nous demandent avant tout d'assumer l'autorité dans le respect des règles. Pourquoi privilégier l'autorité à la confiance ? La réponse est que  l'autorité permet de structurer une société du haut jusqu'au bas sans avoir à faire appel à la confiance, ni à la bienveillance. Une société basée sur la confiance résulterait en une multitude de tribus aux pouvoirs autarciques et ne pourrait donc plus devenir puissante et asseoir son impérialisme. L'autorité est aveugle, et contractuelle. La confiance est ennemie de l'autorité.
Je trouve triste, dans nos vies, de nous croire tenus d'élever nos enfants sur un mode d'autorité plutôt que de confiance. La construction sociale âgiste nous incite à penser et croire qu' étant adulte on est investi de l'autorité, sommé d'agir en adulte et de souvent en abuser.  
Ainsi on nous répète que la crise de l'adolescence est une phase incontournable et on nous bassine avec la construction du jeune qui passe par l'opposition à l'autorité. (“Sans cette phase d'opposition et d'affirmation de soi, les adolescents ne peuvent pas se construire," selon Marion Haza. ” ). 
Dans cette perspective, l'adulte doit investir ce rôle et cette autorité, ce tout arbitraire 'tombé du ciel', sans se poser de question, et sans répondre aux questions,  Cela le conduit à poser des règles inutiles ou stupides (sur la façon de s'habiller par exemple) qui multiplient les conflits autour d'enjeux secondaires et dégradent la confiance entre l'ado et ses parents. Pour faire court, on attend de l'adulte qu'il 'élève' ses enfants au sens où élever signifie élevage et dressage plutôt que grandissement et élévation. 

Ozias

D'après  
l'Abordage, un journal qui traite du sujet avec intelligence: 
https://issuu.com/labordagerevue/docs/labordage_1_60p_fil

Un article de l'observatoire de l'âgisme:
http://www.agisme.fr/spip.php?article87
Sur France Culture
https://www.franceculture.fr/emissions/la-conversation-scientifique/y-t-il-une-lutte-des-ages
http://brain-magazine.fr/article/brainorama/45138-Ou-sont-les-vieilles-lesbiennes  

Une petite chanson bien envoyée

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