samedi 12 septembre 2015

La santé (Nietzsche)

"En soi, il n'y a point de santé et toutes les tentatives pour donner un nom à cette chose ont misérablement avorté. Il importe de connaître ton but, ton horizon, tes forces, tes impulsions, tes erreurs et surtout l'idéal et les fantômes de ton âme pour déterminer ce que signifie la santé, même pour ton corps. Il existe donc d'innombrables santés du corps; et plus on permettra à l'individu particulier et incomparable de lever la tête, plus on désapprendra le dogme de "l'égalité des hommes", plus il faudra que nos médecins perdent la notion d'une santé normale, d'une diète normale, du cours normal de la maladie. Et, alors seulement, il sera peut-être temps de réfléchir à la santé et à la maladie de l'âme et de mettre la vertu particulière de chacun dans sa santé : la santé pourrait ressembler chez l'un au contraire de la santé chez l'autre. Finalement, la grande question demeure ouverte de savoir si nous pouvons nous passer de la maladie, même pour le développement de notre vertu et si notre soif de connaissance et de connaissance de soi, en particulier, n'a pas autant besoin de l’âme malade que de l'âme bien portante : en un mot, si la seule volonté de santé n'est pas un préjugé, une lâcheté, et peut être un reste de la barbarie la plus subtile, de l'esprit rétrograde le plus fin."

Friedrich Nietzsche. Le Gai Savoir. article 120.
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