samedi 21 janvier 2012

Littérature érotique pour inspirer les ventres desséchés par l'Interféron et raviver l'appétit éteint à la Ribavirine.


MISE EN BOUCHE.
Le Baiser extrait du recueil "Oui" de Christian Takos


Andy Barter. Kiss
Je t'embrasse. Je prends ta bouche avec ma bouche, tu prends ma bouche avec ta bouche, elle se touchent. J'ouvre tes lèvres avec ma bouche, tu ouvres mes lèvres à tes lèvres, à ta bouche, à ta langue, tu tournes sa langue dans sa bouche, je tourne ta langue dans ma bouche, je découvre ta bouche, tu découvres la sensation de ma bouche, ma langue douce, avec ta langue, j'enveloppe ta langue dans ma langue, je la mélange, tu tournes ta langue, tu la mélanges, elles se touchent, ils se mélangent, je caresse ta langue, je t'aime, tu me laisses entrer, je laisse glisser ma langue, elles s'aiment, ta langue est dans ma bouche, tu caresses ma langue, tu m'aimes.

Christian Takos est un auteur inconnu de moi dont j'ai trouvé ce poème posté sur un blog.



HORS D'OEUVRE.

 'Le con d'Irène' par Aragon . Publié anonymement en 1928.


Si petit et si grand ! C'est ici que tu es à ton aise, homme enfin digne de ton nom, c'est ici que tu te retrouves à l'échelle de tes désirs. Ce lien, ne crains pas d'en approcher ta figure, et déjà ta langue, la bavarde, ne tient plus en place, ce lieu de délice et d'ombre, ce patio d'ardeur, dans ses limites nacrées, la belle image du pessimisme. Ô fente, fente humide et douce, cher abîme vertigineux.
C'est dans se sillage humain que les navires enfin perdus, leur machinerie désormais inutilisable, revenant à l'enfance des voyages, dressent à un mât de fortune la voilure du désespoir. Entre les poils frisés comme la chair est belle : sous cette broderie bien partagée par la hache amoureuse, amoureusement la peau apparaît pure, écumeuse, lactée. Et les plis joints d'abord des grandes lèvres baillent. Charmantes lèvres, votre bouche est pareille à celle d'un visage qui se penche sur un dormeur, non pas transverse et parallèle à toutes les bouches du monde, mais fine et longue, et cruciale aux lèvres parleuses qui la tentent dans leur silence, prête à un long baiser ponctuel, lèvres adorables qui avez su donner aux baisers un sens nouveau et terrible, un sens à jamais perverti.
Que j'aime voir un con rebondir.
Comme il tend vers nos yeux, comme il bombe, attirant et gonflé, avec sa chevelure d'où sort, pareil aux trois déesses nues au dessus des arbres du Mont-Ida, l'éclat incomparable du ventre et des deux cuisses. Touchez mais touchez donc: vous ne sauriez faire un meilleur emploi de vos mains. Touchez ce sourire voluptueux, dessinez de vos doigts l'hiatus ravissant. Là: que vos deux paumes immobiles, vos phalanges éprises à cette courbe avancée se joignent vers le point le plus dur, le meilleur, qui soulève l'ogive sainte à son sommet ô mon église. Ne bougez plus, restez, et maintenant avec vos deux pouces caresseurs, écartez doucement, plus doucement, les belles lèvres, avec vos deux pouces caresseurs, vos deux pouces. Et maintenant, salut à toi, palais rose, écrin pâle, alcôve un peu défaite par la joie grave de l'amour, vulve dans son ampleur à l'instant apparue. Sous le satin griffé de l'aurore, la couleur de l'été quand on ferme les yeux.


LES DÉLICES DU PALAIS.
Remarquable texte d'Alain Fleisher extrait de son roman 'L'amant en culottes courtes'  paru au Seuil en 2006.


« Lentement Barbara avait commencé à s’effacer, à descendre, à disparaître, son visage n’était plus devant moi, j’avais perdu son regard, ses lèvres, il n’y avait plus rien à regarder que la cloison de bois face à moi, dans l’obscurité envahissante. Barbara me laissait seul, elle m’abandonnait, elle ne me laissait rien d’elle, rien que j’aurais pu encore tenir dans mes bras ou dans mes mains, caresser, enlacer, embrasser. Elle s’était soustraite, accroupie devant ce qu’elle avait appelé prick, ou cock, la nuit de la première fois, qu’elle venait de tirer des vêtements et qu’elle tenait dans ces doigts.
Bientôt, en cette partie-là de mon corps que je sentais exposée, vulnérable, alors que ma situation me semblait à la fois indécente et ridicule, culotte courte aux genoux, une douceur inconnue, indescriptible, m’a enveloppé. Je n’avais pas tardé à identifier la figure et le but de la posture- un classique, en somme, dans l’imagerie colportée par les garçons sur ce à quoi ils peuvent faire consentir les filles, ou à quoi les plus vantards et les plus brutaux prétendront les contraindre, surtout à cette époque où cela pouvait pallier l’acte sexuel principal, auquel certaines résistaient par peur des conséquences - , mais ce que je ressentais dans l’obscurité, sans chercher à rien voir, ne correspondait à rien, ni aux descriptions grossières des apprentis sorciers ni aux anticipations de l’imagination. 


Magritte
C’était une douceur encore différente de celle, extrême, que j’avais découverte entre les cuisses de Barbara deux nuits plus tôt, une douceur plus animée, plus active, plus attentive, plus variée, plus changeante, à la limite du supportable. C’était aussi comme le mouvement d’un récit, une douceur qui serait celle de quelque chose que l’on raconte à mi-voix, un secret, la douceur qui se décrirait elle-même, qui raconterait sa propre origine, son objet, son objectif, une douceur vivante et chaude, animée et discrète comme celle d’une parole murmurée, presque silencieuse.  Je n’avais pas soupçonné que cela pût être ainsi, d’une telle douceur, d’une telle générosité, délivrant une telle volupté…./…
 Dans son entreprise, Barbara se montrait hardie, résolue, obstinée, inlassable : un de ces ouvrages dont seules les femmes ont la patience, et dont elles seules ont le secret. Dans ma passivité, je ne poursuivais aucune fin, cela pouvait durer indéfiniment, un délice permanent auquel aucun terme n’était fixé par aucun excès à atteindre, par aucun dépassement, aucun au-delà de ce même plaisir. L’état voluptueux était constant, la vibration intense d’un point fixe, en suspens, mais il m’était offert, imposé, je ne pouvais m’y dérober, j’en étais prisonnier comme on peut l’être, à l’opposé, d’une souffrance. Je ne poursuivais rien, aucun but, aucune issue, cela  tombait sur moi, m’enrobait, m’enveloppait, me tétanisait sur place. L’histoire qui m’était racontée pouvait durer, se répéter, recommencer sans jamais s’achever, son mouvement me grisait mais il ne m’emportait nulle part : j’étais sous l’empire d’un charme envoûtant, paralysant. Pourtant, comme je l’avais rêvé quelques heures plus tôt, pendant le déjeuner, j’étais dans cette bouche, prêt à être doucement mâché, dégluti, avalé, englouti là, dans le corps de Barbara par ses lèvres, sa langue, son palais, la face interne de ses joues. Cette offrande qu’elle me servait à genoux me semblait à la fois disproportionnée et incomplète, bouleversante et frustrante car, dans l’excès de ce qu’elle me donnait, elle me privait d’elle-même. Dans ce qu’elle m’offrait, Barbara se soustrayait à moi, elle s’était retirée pour me l’offrir. Il y avait de la gêne  et de la privation dans mon ravissement. Barbara m’exposait et me manquait. 


Wim Delwoye
Il y avait au centre de mon corps, la concentration d’une présence trop forte et, face à moi, contre le reste de mon corps et entre mes bras, une absence, un manque, la douleur d’une séparation. Sans doute me montrais-je impassible. Surpris, comme médusé, je ne manifestais ni encouragement ni reconnaissance. Je me laissais faire et je m’abandonnais au plaisir, mais j’avais hâte aussi que cela cesse, que Barbara se relève, qu’elle revienne auprès de moi, là où je l’attendais. Elle ne voulait rien savoir de cette attente, en moi, d’autre chose que ce qu’elle me promettait au bout de l’histoire dont ses lèvres, et sa langue, et sa bouche déroulaient le fil. Elle voulait aller jusqu’au bout de ce qu’elle avait commencé à me dire, à me raconter. Et, par moments, la parole en effet se pressait sur ses lèvres, parmi la salive : elle libérait sa bouche- je me sentais moi-même sur le point d’être libéré – juste le temps de faire entendre un mot, dans un souffle : « Please ... » Je ne savais ce qu’elle me demandait, ce qu’elle voulait dire avec ce mot, un des premiers que l’on apprend parmi les formules de politesse de la langue anglaise. Je ne savais ce qu’elle espérait, ce qu’elle me réclamait, ou ce qu’elle me suppliait d’accepter. Je ne savais ce qu’appelait la douceur de cette plainte, la sonorité de ces syllabes elles même si proches du plaisir auquel elles semblaient conduire, et dont elles appelaient l’accueil, le consentement. Sans doute fallait-il comprendre quelque chose dont la périphrase eût été : ' Accorde moi ce plaisir que je veux te donner. ' C’est-à-dire, tout simplement : ' S’il te plaît…'  »


Volupté finale
Un grand classique  extrait de "La philosophie dans le boudoir" . Donatien Alphonse François de Sade. 1795.

 « DOLMANCE : …/… La posture la plus en usage pour la  femme dans cette jouissance, est de se coucher à plat ventre sur le bord du lit, les fesses bien écartées, la tête la plus basse possible, le paillard, après s’être un instant amusé de la perspective du beau cul que l’on présente, après l’avoir claqué, manié, quelquefois même pincé, mordu, humecte de sa bouche le trou mignon qu’il va perforer, et prépare l’introduction avec le bout de sa langue, il mouille de même son engin avec de la salive ou de la pommade, et le présente doucement au trou qu’il veut percer, il le conduit d’une main, de l’autre il écarte les fesses de sa jouissance ; dès qu’il sent son membre pénétrer, il faut qu’il le pousse avec ardeur, en prenant bien garde de perdre du terrain ; quelquefois la femme souffre alors, si elle est neuve et jeune ; mais sans aucun égard pour ces douleurs qui vont bientôt se changer en plaisirs, le fouteur doit pousser vivement son vit par gradations, jusqu’à ce qu’il ait enfin atteint le but, c’est à dire jusqu’à ce que le poil de son engin frotte exactement les bords de l’anus de l’objet qu’il encule. Qu’il poursuive alors sa route avec rapidité, toutes les épines sont cueillies ; il ne reste plus que des roses…/… »



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